Wordpress est réputé de nos jours comme le CMS (Content Management System) de référence en matière de création de site web et tout particulièrement en ce qui concerne le référencement naturel. Wordpress a également pleins d'atouts que nous ne développerons pas dans ce comparatif, mais qu'il est bon de rappeler. En particulier :
- Il est Open Source : son code est ouvert et gratuit.
- Il y a une communauté gigantesque autour, qui développe des extensions (ou plugins) gratuites comme payants
- Cette communauté créée également des thèmes de toute sorte, pour des sites personnels, des sites e-commerces, des places de marché, des systèmes de réservation.
On estime aujourd'hui que plus de 37% des sites Internet sont bâtis à partir de Wordpress. Parmi les sites qui utilisent un CMS, Wordpress est utilisé dans les 2/3 des cas. C'est donc une plateforme absolument incontournable. Parfois décrié par certains pour des enjeux de sécurité, Wordpress est mis à jour constamment et ses évolutions en font aujourd'hui un outil mature à tout point de vue.
Et pourtant ...
En construisant Oudini.fr, j'ai fait le choix, assumé, de ne pas utiliser Wordpress, malgré plusieurs centaines création de Wordpress à mon actif. Je l'ai fait pour trois raisons :
- Sur l'aspect mise en oeuvre visuelle, je voulais tester quelque chose de nouveau et pourquoi pas de prometteur. Avec Wordpress, tous les thèmes finissent par se ressembler. Les builders, qui permettent de construire des designs sur mesure, ont tous plus ou moins la même manière de fonctionner. Ils sont à la fois sans limite en termes de possibilité, mais parfois, le diable se cache dans les détails. Il y a toujours un moment où, en tant que créateur de sites, on fait une concession car modifier le cadre fourni par le thème demanderait trop de travail.
- Concernant la partie technique, Wordpress est certes gratuit lorsqu'il est installé, mais il peut vite devenir un peu coûteux lorsque l'on souhaite s'équiper des meilleures extensions. Extensions qu'il faut d'ailleurs maintenir régulièrement ainsi que le reste de la plateforme, en faisant attention aux incompatibilités. Elles ont fait perdre des cheveux à plus d'un webmaster !
- La performance. Comme j'en parle souvent dans la newsletter SEO, j'ai réussi à atteindre des niveaux de performance extrêmement élevé sur des Wordpress plutôt "lourds", avec des thèmes complexes, pleins de plugins. Mais à quel prix ? Entre le temps à passer à optimiser chaque plugin, configuré ce qu'il y à configurer pour passer la barre des 90/100 sur le Google PageSpeed Insights...
En lançant Oudini, je voulais profiter de l'occasion pour sortir de ma zone de confort et tester s'il n'y avait pas autre chose.
C'est pourquoi, j'ai choisi de tester, en version grandeur nature, Webflow.
Qu'est-ce Webflow ?
Webflow fait partie de ces nombreux services qui permettent de créer un site Internet sans coder. Il est dans le sillon de la tendance No code. Il existe de multiples concurrents bien connus pour créer un site Internet sans justement passer par Wordpress. On peut citer par exemple :
- Strikingly
- Squarespace
- Wix
- Weebo
- etc.
Il en existe maintenant des dizaines. Pourquoi Webflow ?
Outre sa position de fer de lance du no code, Webflow cumule deux approches qui m'ont séduit :
1. L'éditeur visuel
La possibilité d'avoir une liberté maximale dans la création de son design. On peut partir d'une page blanche, comme de templates, gratuits ou payants que l'on peut modifier à souhait et à la virgule. Cela demande un minimum de compréhension ou de connaissance du langage CSS (même si on ne code pas). Mais une fois cette barrière franchie, c'est très agréable.
On peut modifier dans le détail chaque composant de l'interface. On peut voir selon 4 tailles d'écran son design, et modifier facilement le comportement selon la taille de chaque écran.
Il est également possible d'intégrer des éléments visuels dynamiques, sans non plus avoir besoin de coder. C'était donc l'occasion de découvrir autre chose que les classiques thèmes "Multi-purpose" de Wordpress.
2. La base de données
C'est probablement le plus important game changer comparé à tous ses concurrents : le CMS intégré. Ce CMS n'est pas simplement avoir une option "blog" dans son site. C'est beaucoup plus que cela.
Le CMS de Webflow est pensé comme une base de données, avec des tables et des champs. Cela peut paraître un peu plus complexe de prime abord, mais en réalité, c'est beaucoup plus puissant que tout autre site. On peut avoir des "collections" dans Webflow, aussi bien d'articles, de catégories mais aussi de tout ce que l'on veut ! Des produits, des outils... Pour chacune d'entre elles, on spécifie ses caractéristiques : un titre, une description, un prix, etc. On est totalement libre de construire le modèle de données que l'on souhaite.
C'est une approche radicalement différente de tous les autres outils, hormis Wordpress finalement.
Wordpress vs Webflow : le match SEO
Seul point d'interrogation majeur dans ce tableau : qu'en est-il du SEO ?
Les concurrents de Webflow (Wix ...) sont connus pour ne pas toujours être au top en termes de référencement naturel. Ces outils sont très grand public et la question du référencement naturel n'est pas toujours prioritaire. A titre d'exemple, tous les sites Wix ont été pénalisés par Google il y a quelques années car le code source généré était de trop mauvaise qualité. Depuis, Wix tente par tous les moyens de rattraper cette erreur et cette image négative, en organisant par exemple des concours SEO !
Bref, une grande interrogation subsiste concernant le référencement naturel de Webflow.
Notre analyse : les fonctionnalités SEO de Webflow
Propos liminaires :
Ce comparatif peut scientifiquement être contesté dans la mesure où il ne s'agit pas de comparer 2 sites rigoureusement identiques construits avec deux plateformes différentes, comme seul critère de différence. Il s'agit plutôt pour moi de donner mon premier retour d'expérience après plusieurs semaines d'utilisation de Webflow, contre plusieurs années de travail avec Wordpress (et même la création d'une formation dédiée à ce dernier !)
La performance de Webflow
Premier point que j'ai regardé avec attention : la rapidité d'exécution et le respect des critères comme les signaux web essentiels de Google. Le résultat est sans appel : Webflow est extrêmement rapide.
Sans aucun effort à faire particulier, comprendre : aucune installation de plugins, un paramétrage minimal, Google PageSpeed me donne immédiatement des scores de 95/100 en mobile et 99/100 en desktop. Point final.
La question de la performance ne semble donc pas se pose côté Webflow : le site est extrêmement rapide. Alors bien sûr, c'est à prendre ou à laisser, car il ne sera pas possible de suivre les recommandations de PageSpeed pour améliorer davantage. Nous n'avons pas la main sur ce qu'il y a sous le capot, donc il faut l'accepter !
Les seuls options que Webflow nous fournit concerne essentiellement la minification des ressources que l'on peut désactiver si on le souhaite.
On est donc assez loin de mon expérience Wordpress, où j'ai pu passer des nuits à tenter de gagner quelques points par-ci par-là, sans exactement savoir jusqu'où je pourrais monter, en changeant plusieurs fois d'hébergement et en appliquant certains conseils que je donne dans ma newsletter et dans la rubrique Performance SEO.
La balise Title et méta description
Deuxième point d'attention : les métadonnées. Avec Wordpress, il existe quelques plugins de référence (comme Yoast SEO) pour gérer ses méta-données, que sont les titres et méta-description de chaque page.
Sur Webflow, c'est clé en main. Chaque objet "page" dispose d'une option pour modifier son titre et sa description. Par ailleurs, ces objets sont dynamiques si on le souhaite.
En effet, pour afficher des informations issues du CMS de Webflow, on construit un modèle de pages. Ce modèle de page va pouvoir afficher les informations souhaitées, et cela génèrera donc automatiquement autant de pages web qu'il y a de données dans le CMS. Pour chacune de ces pages, on peut donc injecter un méta titre et une méta description différence.
Le point clé ici : penser à créer des champs "Meta titres" et "Meta description" dans votre collection CMS ! Webflow ne vous avertit pas de cette petite information, il faut donc ne pas l'oublier. Enfin, même si on l'oublie, on peut toujours la rajouter plus tard dans tous les cas.
Le budget crawl
Nous en avons déjà parlé, le budget crawl est un facteur non négligeable dans le référencement naturel d'un site. Webflow, sur ce plan, est appréciable à deux niveaux :
- Le TTBF (Time To First Byte), utilisé pour calculer la vitesse de crawl du moteur de recherche, est très basse. Cela rejoint le point précédent concernant la performance. La vitesse de crawl est très élevée, ce qui ne déplaira donc absolument pas à Google. Nous sommes inférieurs aux 200ms attendus de Google.
- Le maillage. Certains thèmes - dont les thèmes par défaut de Wordpress - ont tendance à générer de multiples liens dans tous les sens, et à nous inciter à créer des ponts là où il n'est pas forcément opportun d'en mettre. Bien évidemment, comme avec Webflow, on part toujours d'une page blanche, on n'a entièrement la main sur la manière dont on souhaite que Google indexe notre site. Sans compétence technique nécessaire pour cela. C'est agréable !
Sitemap et redirections
Webflow propose quelques options complémentaires concernant le référencement naturel :
- La génération automatique du Sitemap - mais pas obligatoire ! On a la main pour éditer et injecter notre propre sitemap
- La modification libre du robots.txt
- Des redirections 301 des URL de notre choix.
On retrouve globalement l'essentiel qui permet de gérer les bases de son référencement naturel.
Les limites de Webflow en termes de référencement naturel
Je pense que vous l'aurez compris, Webflow est extrêmement séduisant sur le plan SEO au premier regard :
- Un haut niveau de performance
- La minification des fichiers
- La gestion des balises Meta
- La gestion du sitemap et des redirections 301
Evidemment, tout n'est pas aussi rose et on rencontre tout de même certaines limites lorsque l'on veut aller vraiment loin dans référencement naturel.
Tout d'abord, si vous ne souhaitez pas indexer certaines pages, il vous faudra intégrer le code no-index dans chacune des pages cibles.
Ensuite, si vous personnaliser le mode de chargement de vos pages et allez beaucoup plus loin au niveau du code source, vous serez bloqués.
Tous les plugins de génération d'arborescence, de génération de tables des matières, d'obfuscation ne seront pas à votre portée facilement. Par chance, on peut écrire dans chaque page du code HTML dans les balises body ou head. Donc vous pouvez l'utiliser pour y mettre des données structurées, mais ce n'est pas le plus agréable à réaliser.
Au niveau de la rédaction du contenu, la partie rédactionnelle reste très sommaire par rapport à un vrai CMS. Tous les outils qu'on peut embarquer dans son interface Wordpress d'optimisation sémantique (lisibilité, densité de mots-clés) ou optimisation du maillage interne sont absents. Il faurdra faire ce travail ailleurs, et le répercuter dans Webflow. Cela peut être quelque peu rébarbatif, même si certains y verront au contraire une approche plus "légère" de l'outil.
Quelles sont les autres différences ?
Webflow est ouvert sur le monde
Webflow est une solution qui arrive avec un nouveau paradigme qui peut répondre facilement à d'innombrables usages avec un niveau de qualité et de performance meilleurs et un coût de maintenance moindre.
Lorsque l'on s'interroge sur le choix à faire entre WordPress et Webflow, les bonnes questions à se poser sont :
- Est-ce qu'il est important pour moi d'utiliser un outil Open Source ?
- Suis-je prêt à payer l'abonnement Webflow (qui inclut l'hébergement) ?
Tout le reste est accessoire, car, dans 99% des cas, il est possible de reproduire les fonctionnalités que l'on a sur un WordPress (espace membre, paiement en ligne, inscription à une newsletter, gestion des droits ...) avec Webflow.
La majeure différence réside dans l'intéropérabilité. Alors que WordPress fonctionne avec l'installation d'une multitude de plugins qui élargissent les capacités de son site, Webflow va se brancher à d'autres services autonomes, indépendants, qui répondront à votre besoin.
La philosophie est donc sensiblement différente : Webflow se contente de faire ce qu'il fait du mieux possible et fonctionne avec des outils "purs players" dans leur domaine, alors que WordPress pousse les éditeurs à créer des plugins qui viennent surcharger le CMS.
C'est un des enjeux de notre formation Webflow.
Les cas d'utilisation sont très nombreux ! Webflow est capable de se brancher sur des bases de données en ligne comme Airtable ou Google Spreadsheet, à des outils de "Memberships", des plateformes de formation, d'e-mails, etc.
A l'inverse, les données présentes dans Webflow peuvent s'exporter aisément. Webflow dispose d'une API (une interface spécifique) qui permet de rendre les données modifiables et exportables par d'autres outils. Mais toujours pas de besoin de savoir coder !
Webflow vs Wordpress pour le e-commerce
Celles et ceux qui ont déjà créé une boutique avec WordPress connaissent les limites de ce dernier. Bien que très puissant, un outil comme WooCommerce est souvent difficilement personnalisable, et doit s'entourer d'une multitude de plugins à maintenir. C'est d'ailleurs ce qui a fait ces dernières années en partie le succès de plateforme comme Shopify.
C'est probablement d'ailleurs ce dernier qui concurrence directement Webflow sur cette partie. Cependant, Shopify ne fera jamais plus que du e-commerce, au risque d'acheter de nombreuses applications complémentaires. Pour l'avoir vécu, cela devient vite très coûteux !
Webflow propose une approche une alternative à moindre coût qui répondra à l'essentiel des besoins d'un e-commerçant.
Webflow vs WordPress : je t'aime, moi non plus
Webflow va encore plus loin en réalité. Si comme moi, vous tombez amoureux de cet outil, mais que vous êtes dans l'obligation de travailler sur un WordPress... C'est possible !
On parlait d'intéropérabilité précédemment ... Il existe aujourd'hui des plugins WordPress qui permettent de construire son thème avec Webflow, puis de le brancher sur son WordPress.
Webflow et la gestion des droits
Une des grandes forces de WordPress est de disposer d'une logique "d'édition de contenu" avec des niveaux de droits différents : Administrateur, Editeur, Contributeur ... Et des plugins pouvaient même en rajouter !
Comme nous l'avons vu précédemment, Webflow dispose également de ce type de fonctionnalités grâce à l'Editeur. Une vue spécialement pensée pour les utilisateurs de votre site qui pourront modifier. Webflow ne propose pas autant d'état de contenu que WordPress (statut à relire ...) mais uniquement 2 : Publié ou en brouillon. Mais a-t-on vraiment besoin de plus ?
Conclusion du match Wordpress vs Webflow
Pour résumer, mon avis est que Webflow s'annonce comme une excellente alternative à Wordpress en matière de création de site web associée à un bon référencement naturel.
Sa force est aussi sa plus grande faiblesse : se concentrer sur l'essentiel (un affichage rapide avec les options de bases de gestion du SEO) mais sans aucune fioriture ni option (pas de possibilité d'intégrer des aides à la rédaction).
Webflow permet donc de construire un site de contenu de manière très efficace, sans se préoccuper de tous les tracas que peuvent provoquer les extensions Wordpress. Mais son périmètre fonctionnel en est donc réduit, et il faut réaliser beaucoup de travaux SEO en dehors de l'outil pour les répercuter seulement à la fin dedans.
Autre point, plus philosophique, qu'il reste très important de préciser : Webflow n'est pas open source contrairement à Wordpress. Les données ne sont pas stockées sur votre serveur, vous n'en avez pas autant directement la main qu'avec Wordpress. Point différenciant majeur qui laisse certainement encore, quoi qu'il arrive, de très belles années à Wordpress.